Architecture de l’IA : Ce que les Modèles MoE, Monolithes et Frugaux Apprennent de l’Évolution Animale
L’étude des architectures neuronales dans le règne animal offre des analogies éclairantes pour l’ingénierie des systèmes d’intelligence artificielle. En effet, l’évolution a testé des modèles de connaissance et de raisonnement variés. L’efficacité, la spécialisation et la consommation de ressources représentent les enjeux communs entre le vivant et les modèles de langage (LLM).
L’Architecture Neuronale Animale Éclaire le Choix des Modèles IA
Une analyse comparative des espèces les plus intelligentes révèle des parallèles frappants avec les modèles d’IA actuels :
- La Pieuvre et le Modèle MoE (Mixture of Experts) : Les pieuvres possèdent un cerveau central, mais leurs huit bras sont dotés de « cerveaux » secondaires autonomes. Ainsi, les bras peuvent agir de manière indépendante, gérant des micro-tâches sans mobiliser le cerveau principal. Cette structure reflète l’approche MoE (Mistral, Gemini). Elle permet une expertise distribuée avec un routage intelligent.
- Les Orques, Éléphants et les Monolithes : Ces grands mammifères disposent d’un cerveau massif et centralisé. Leur architecture est puissante, profonde, mais peu segmentée. Cette concentration rappelle les modèles d’IA « monolithes » (Grok, ChatGPT, Claude). Ils traitent l’information de manière uniforme.
- Le Corbeau et l’IA Frugale et Experte : Le corbeau, bien que dépourvu de cortex, démontre une perception cognitive exceptionnelle. Il résout des problèmes complexes avec une grande flexibilité. Cette performance est remarquable compte tenu de la frugalité de son architecture physique. Ce modèle valide l’approche des modèles petits, frugaux, et experts développés chez Giris. En effet, l’expertise n’exige pas toujours la massivité.
C’est pourquoi, le choix d’une architecture d’IA dépend de la tâche à accomplir. Il ne dépend pas seulement de la puissance de calcul brute. L’efficacité métier impose de se tourner vers la spécialisation.
Des Systèmes de Connaissance en Quête d’Adaptation
L’observation de ces architectures animales mène à une réflexion plus profonde sur le moteur de l’évolution elle-même. La vision classique, purement darwinienne, centrée sur la survie du plus apte face aux menaces vitales (prédation, famine), devient insuffisante pour décrire le changement dans un monde contemporain façonné par l’humain.
Aujourd’hui, les grands filtres évolutifs ont perdu leur rôle central. Ils sont remplacés par des pressions sélectives plus diffuses. Ces pressions sont liées à l’environnement artificiel, à l’alimentation industrielle, ou au stress chronique. C’est pourquoi le tri évolutif s’opère désormais par des ajustements graduels et contextuels. Des exemples clairs l’illustrent, comme la sélection de la tolérance au lactose en réponse à l’élevage. Ainsi, l’expérience vécue par une population commence à moduler son évolution.
Vers une Évolution du Hasard Biaisé dans l’IA
Cette perspective ouvre une analogie critique pour l’Intelligence Artificielle. Le dogme du caractère purement aléatoire des mutations génétiques est en pleine réévaluation. Les signaux internes d’un organisme (stress oxydatif, inflammation) peuvent moduler le taux et la localisation des mutations sur l’ADN transmis.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un lamarckisme simpliste, cette découverte suggère une évolution où le « hasard » de la variation génétique n’est pas neutre : l’expérience vécue peut canaliser la variation offerte à la sélection. Dans le domaine de l’IA, cela signifie que la manière dont un modèle est entraîné et exposé à un contexte métier spécifique ne détermine pas seulement sa performance. Elle pourrait également biaiser les futures itérations du modèle. Le « hasard » de la découverte d’une solution par l’IA sera de plus en plus influencé par l’histoire contextuelle de son entraînement.
C’est pourquoi les classifications intelligentes — capables de relier données, contexte et actions — s’imposent comme un impératif dans les systèmes d’IA. Elles offrent une profondeur et une flexibilité inaccessibles aux architectures monolithiques généralistes, ouvrant la voie à une IA experte, agile et parfaitement alignée sur les enjeux métier.